Quatre extraits d’Au temps du mystère, Poèmes bilingues 2, chantés par Éric Simon.

Veilleur et passereau,

Cithare du mystère

Souffrir, labourer.

Source et brûlure,

Dans la hutte du temps

Creuser encore les signes.

Shāqēd wetsipōr, Kinnōr–hamistār Likh’ov, lạharosh. Ma‘yān oūkhewiyāh, Bimeloūnat–hazemān Ōd hatāwīm likhrot.,rwOp@%ciw: dq’#$f rtf@s;m@iha-rwOn%k@i .#$roxjla ,b)ok;li ,hy%FwIk;w% NyF(;ma Nmfz@:ha‐tnw%lm;b@i .trok;li MywIt%fha dwO(

La flamme brûle encore,

Feuillage d’étoiles,

Langage d’orge et de blé.

Je creuse, médite,

Plantant ma tente

Au bord des eaux-lyre.[1]

Halahạt ‘ōd lōhẹ̄t, Dālīyōt-kōkhāvīm, Leshōn-̣se‘ōrāh wādāgān. Anī ̣hōphēr, ̣hōshēv, ’Ōhēl ’āho ‘Al ̣sephat Kinnérét.,+h’wOl dwO( +hala@ha ,MybikfwOk@-twOy,lid@f .Ng%FdFwF hrFwO(#&;-NwO#$l; ,b#’$wOx ,rp’wOx ynI)j ylih/)f lh’wO) .trEn%ek@i tpa#;& l(a
`H aÜra ™n ta‹j ™la…aij, `O ¢mnÕj kaˆ tÕ ¥nqoj, `O ÐdoipÒroj ¢koÚei. `H ¥gkura kaˆ Ð ¥mhtoj, Aƒ nÚktej tÁj ¢pous…aj, `Upomšnein, mel…zein.  Hê aura én tais élaiais, Ho amnos kai to anthos, Ho hodoiporos akouei. Hê agkura kai ho amêtos, Hai nuktés tês apousias, Hupoménein, mélidzein.

La brise dans les oliviers,

L’agneau et la fleur,

Le voyageur écoute.

L’ancre et la moisson,

Les nuits de l’absence,

Résister, chanter.

Aƒ érai kaˆ Ð naÒj, Katoike‹n, ™raun©n TÕ toà purÕj ‡cnoj. ‘Aulht¾j kaˆ kiqarJdÒj, Ba…nein, ˜rmhneÚein T¾n tîn ¢nšmwn glîssan.Hai hôrai kai ho naos, Katoikein, éraunan To tou puros ikhnos. Aulêtês kai kithaṛôdos, Bainein, hérmêneuein Tên tôn anémôn glôssan.

Les heures et le temple,

Habiter, scruter

La trace du feu.

Flûtiste et cithariste,

Marcher, traduire

La langue des vents.

Rachel – À mon pays

אל ארצי דני גרנות וחוה אלברשטיין

À mon pays

Je ne t’ai pas chanté, mon pays,
Et je n’ai pas glorifié ton nom
Par de victorieux exploits,
Par les prises de guerre.
Rien qu’un arbre – mes mains ont planté
Aux bords paisibles du Jourdain,
Rien qu’une sente – mes pieds ont foulé
A travers la campagne.
Certes très pauvre –
Je le sais, mère,
Certes très pauvre
L’offrande de ta fille.
Rien que l’écho d’un cri de joie
Au jour où brille la lumière,
Rien qu’un sanglot voilé
Sur ta peine.

(Regain, Arfuyen, 2006)

Poèmes d’Olga Votsi

Liberté

Dans la vaste mer de ta liberté tu vogues
avec pour unique voile ton âme,
ta volonté.
Ton ami de toujours, le ciel,
ne t’abandonnera jamais,
jamais dans les rochers ne t’écrasera.

(L’escalier, Poèmes métaphysiques, Le Taillis Pré, 2018)

Yòrgos Thèmelis

Ars poetica 6

Tu as changé. Autre tu t’en es allé, autre tu t’en es retourné.
Tu parles une autre langue.
Autrement tu mesures les êtres,
Des noms autres, nouveaux, tu leur donnes.

Tu dis : l’amour est feu, l’embrassement éclair, la rose
promesse,
L’homme pesante croix, la mort belle Porte…

Avec d’autres chiffres, d’autres actes, tu résous les questions
sidérales.

Mesure les étendues tout asséchées de notre sommeil
depuis l’origine

Exorcise par des incantations les démons déments qui
piétinent en dansant, bannissent
nos corps vivants.

(Ars poetica & Poèmes bibliques, Ressouvenances, 2021)


[1] Le lac de Kinnérét (Tibériade) est ainsi nommé parce qu’il a la forme d’une lyre (kinnōr).